~ never let me go.

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Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel avec des fusils par milliers, n'oublie pas mon petit soulier.
Je suis né le 24 Décembre. Noël a toujours eu une grande importance pour moi. Ma famille, n'étant pas très riche et étant aussi séparée par des kilomètres de mer et de terre, se réunissait une seule fois par année. Pour fêter Noël et mon anniversaire. Les sourires, les éclats de rire, les tonnes de cadeaux entassés sous les branches du petit sapin de Noël chargé de toutes les décorations possibles et imaginables. Les enfants qui emmerdaient les grands, les quelques coupes de champagne qui suffisaient aux adultes pour se mettre à danser sur des chansons typiques des années 80. J'étais dans mon élément. Les grands-parents qui racontaient leurs histoires sur la guerre, sur la mafia italienne, sur leurs expériences personnelles. Deux familles complètement différentes réunies en une seule. Le bonheur, je le puisais chaque année pendant cette fabuleuse journée qui me remplissait les yeux d'étoiles. Puis un jour, tout a dérapé. Je ne savais pas comment, ni pourquoi. Mais alors que je demandais à ma mère si on allait en Italie pour Noël, elle avait gardé un long silence paraissant interminable avant de répondre un « Non. » particulièrement froid. Ma petite soeur, avait continué en demandant si notre famille italienne venait à Montréal et nous avions eu le droit a exactement la même réponse. Pour vous, ce n'est peut-être rien. Mais moi, j'ai su en quelques secondes, en regardant le visage de ma mère que rien ne serait plus jamais comme avant. Je n'avais que 11 ans mais je me doutais bien que plus jamais, nous ne fêterions plus Noël de la même façon.
Le soir du 25 Décembre fut alors comme tous les autres soirs, la seule différence était le sapin, à peine garni. On entendait pas les rires, les belles histoires de nos grands-parents, ni le bruit du bouchon de champagne qui saute et les concours de rots des ados. Juste, quatre personnes, assises autour de la table, silencieuses et abordant des gueules d'enterrement. Un petit gâteau arborant 11 bougies, devant moi. Pas un mot dans la soirée, et un lendemain difficile, malgré les quelques cadeaux. Et ce rituel devint la nouvelle habitude des Cabanas.

Tout avait dérapé. Le petit bonheur d'une famille bien tranquille, deux enfants adorables et deux parents s'aimant, s'était évanoui. L'ambiance était devenue particulièrement tendue depuis ce fameux Noël. Les sourires se faisaient de plus en plus rare. Je grandissais, ma sœur aussi et nous prenions nos responsabilité, notre indépendance. J'avais ma copine, mes amis, plus le temps pour la famille. Jusqu'au jour où ma mère, demanda à ce que l'on se réunisse tous autour de la table. J'avais 18 ans, ma sœur 16.
Notre oncle italien, le frère de ma mère, faisait en fait parti d'une grande … association disons. Dont le secret devait être gardé. Mais il avait choisi de tenir sa famille au courant de son appartenance à la mafia sicilienne. Seul un membre de la famille québécoise était au courant, mon père. Personne n'a jamais su pourquoi, personne n'a jamais su comment, mais un jour, il prit la décision de tout balancer aux flics. Ma mère nous expliqua que tout s'était enchaîner très rapidement, que notre oncle avait vite été au courant et avait prit la fuite. Mais avant que la police ne le rattrape, la mafia l'avait tué pour cause de trahison. La première règle du code de la mafia est de ne tenir personne au courant de son identité. Absolument personne. Voilà pourquoi la famille italienne avait complètement rejeté notre père et nous, par la même occasion. Au fur et à mesure des explications de ma mère, je me concentrais sur les réactions de mon père. Je voyais son visage se décomposer de secondes en secondes. Il avait peur. Et je compris bien rapidement, qu'il avait ses raisons. La mafia sait tout, et la mafia vous retrouve toujours. Mon père n'avait rien trahi mais il avait été la balance. Donc, un ennemi à éliminer.

Notre famille était en danger, et mon père préférait se cacher que d'affronter ses erreurs. Nous savions tous les quatre très bien dans quoi il nous avait embarqué, et nous lui en voulions beaucoup. De nous priver de notre famille et de nous mettre en danger de mort. Car n'importe quelle personne pouvait se mettre devant mon père, elle sera tuée immédiatement. On a beaucoup parlé de la mafia avec mes deux tantes italiennes, et je sais absolument tout, enfin presque tout, puisque l'on ne peut pas tout savoir sans en faire partie. Nos parents armèrent la maison de plusieurs alarmes et nous donnèrent les endroits où étaient cachés des armes. Ma soeur et moi n'avions pas peur de sortir. Le seul grand trouillard était notre père. Le dialogue avec lui était complètement brisé. Le voir était pour moi un supplice. J'ai commencé à devenir quelqu'un d'autre à partir de ce moment-là. La situation m'a fait devenir plus courageux, mystérieux, agressif, froid, bagarreur, violent et sur mes gardes. Même ma copine avec qui j'étais depuis plusieurs années déjà, avait du mal à me reconnaître, mais en sa présence j'étais apaisé. Alors que j'avais 22 ans et ma soeur 20, nous étions obligés de rester vivre avec nos parents pour ne pas les laisser seuls, pour les protéger. Nous savions très bien ce qu'il allait se passer. Même si les années passaient, la mafia allait se venger, d'une façon ou d'une autre.

Et un beau jour, alors que ma mère et ma soeur étaient parties faire les courses, je fis exprès de laisser mon père seul, dans la maison. Oui, je devais être complètement fou pour aider mon père à se faire tuer. Mais nous savions tous les trois que le moment approchait. Des voitures noires rôdant autour de notre maison, nous suivant parfois. Il dormait paisiblement lorsque je fus parti dans les rues de Montréal. J'aurais pu rester, me cacher et essayer de le sauver... Mais ce qui doit arriver arrivera, si je l'aurais sauvé ce jour-ci j'aurais risqué ma vie pour une erreur que lui a fait, et la mafia serait revenue quelques jours après. Je fus le premier à rentrer dans la maison. J'avais peur. Peur de monter. Aucun traces, rien, ils avaient fait un boulot parfait. Je montais les escaliers, marche par marche, mon coeur battait de plus en plus vite. Je me souviens de ce moment comme s'il s'était déroulé hier. La porte de sa chambre était entre-ouverte. Je la poussais un peu plus et découvrit le corps de mon père couvert de sang, et sa bouche remplit de gravier. La punition infligée aux balances. Je restais quelques secondes immobiles, fixant son corps inerte. Et je suppose que vous connaissez la suite. Police, les filles qui rentrèrent, pleurèrent. Sachez que je n'ai jamais versé une seule larme.

C'est mes coups d'jus, c'est mes coups d'foudre, c'est mes coups d'blues. C'est pas vraiment un bon coup mais c'est dans l'milles à tous les coups. C'est comme un parfum de nocturne qu'aurait l'gout des levers du jour. Parce qu'elle elle dit jamais je t'aime.
Je l'ai rencontré alors que nous étions au collège. Elle était dans ma classe. Si belle, si fragile. J'ai rêvé d'elle le soir-même où je l'ai rencontré. Elle avait de long cheveux bruns, des yeux verts toujours brillants, un sourire éclatant et un rire tellement mélodieux. Elle s'appelait Roxane. Je ne vous cache pas que quand je la voyais, je ne pouvais m'empêcher de marmonner dans ma tête la si célèbre chanson de Police. Elle ne faisait pas attention à moi. Pendant deux ans, je refusai toutes les propositions des autres filles sans jamais aller voir Roxane. Trop timide certainement. La preuve, ce fut elle qui fit le premier pas. Nous étions en soirée, nous avions bus mais malgré mon taux d'alcool, elle me fit un effet fou. Je dus lui faire le même car quelques semaines après nous sortions ensemble. Vous savez, les petites relations du collège, on pense que ça dure un mois, on oublie et on recommence avec quelqu'un d'autre. Nous pensions tous les deux ça, au début. Nos amis aussi. La relation se fit plus sérieux. Nous allâmes au même lycée, toujours ensemble. Les années lycée passèrent, rapidement à ses côtés. J'étais devenu très amoureux. Je croyais en elle, en nous, en notre avenir. Ce sentiment qui vous donne confiance en vous et peut vous projeter au-dessus de n'importe quel obstacle. J'étais follement amoureux d'elle. Elle fut présente pour ma soeur, ma mère et moi lors de la mort de mon père. Nous avions pour projet de nous marier alors que je n'avais que 22 ans.

« Allô ? » « Sidoine ! C'est Roxane, elle vient d'avoir un accident. Viens vite, chambre 24. » Sa mère raccrocha. Je mis quelque seconde à réaliser ce qu'il se passait réellement, avant d'enfiler le premier manteau qui me passait sous la main et de partir pour l'hôpital. Je n'ai jamais roulé aussi vite de ma vie, le coeur battant à 100 à l'heure, les yeux brillants de larmes, imaginant des scénarios. J'arrivais, mais il était déjà trop tard. Ma belle s'était éteinte. Pour un simple accident de voiture, une simple moto ayant perdu le contrôle qu'elle a essayé d'éviter du mieux possibles. Le motard s'en est sorti. Pas elle. Je n'ai jamais pleuré autant de ma vie. Roxane, c'était l'amour de ma vie. C'était ma muse, la prunelle de mes yeux, mon unique raison de me battre encore et toujours, ma vie, mon sourire, la seule personne qui pouvait encore me faire ressentir quelque chose. Sans elle, à présent, je ne ressens plus rien.

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